• Première sonnerie...

     

    Quand j'ai vu son numéro apparaître sur mon afficheur, mon cœur s'est emballé, mais je me suis calmée, je ne voulais pas qu'elle l'entende battre, je ne voulais pas qu'elle sache que j'attendais ça.

     

    Deuxième sonnerie...

     

    Puis, je me suis dit que je n'avais pas tellement envie de ça, pas tellement envie de sortir ma balance pour peser mes mots, ma loupe pour surveiller mes mots. Mais si je laissais passer cet appelle, reviendrait-il?

     

    Troisième sonnerie...

     

    J'avais et j'ai envie de lui parler, mais je n'ai rien à lui dire. J'ai déjà vidé mon sac, ce sac si lourd à porter que je traînais depuis trop longtemps et j'avais hâte de le poser et de le vider une fois pour toute. Bon, je n'ai pas fait les choses dans les règles de l'art, j'ai tout sorti dans l'ordre et le désordre, justifiant à peine mon geste. Les choses défilaient les une après les autres. Le pire, c'est qu'après, je ne me suis pas sentie mieux, mais je n'avais plus rien à dire.

     

    Quatrième sonnerie...

     

    C'était sans doute ma dernière chance, après, j'entendrais ma propre voix annoncer que je suis bien qui je suis, la mère de vous-savez-qui, l'amoureuse de celui que vous connaissez déjà, que je ne suis pas là, que vous pouvez faire ce que vous savez après vous savez-quoi! Laisserait-elle un message? Si non, rappellerait-elle? Si c'était pour m'annoncer que Grand-Maman nous a quittés ?  Malgré que chez nous, aucun drame n'ait fait les manchettes, j'ai toujours mangé à ma faim, jamais eu froid et été embrassée et câlinée tous les jours. Qu'avais-je à envier à mes amies qui avaient de bonnes relations avec elles? Qu'est-ce qui faisait que j'avais tant de chose à lui reprocher?

     

    Il ne fût ni bref, ni long. Pas de temps mort ou d'hésitations, pas plus que d'empressement à perdre haleine, simplement une enfilade de banales nouvelles, de quotidien. D'abord, le sempiternel reproche dans la voix, « il y a longtemps que je n'ai eu de tes nouvelles... », puis la varicelle de Mamzelle, le boulot de mon zhom, mes élèves et ma perte de poids... Rien de plus. Puis son boulot, ses créations, Grand-Maman bien sûr. Depuis juin que nous n'avions pas eu ce genre de discussion. Depuis que j'avais vidé mon sac. Je ne me sens pas mieux, pas plus mal, je suis seulement heureuse d'avoir rétabli le signal.

    Et encore, pour combien de temps? Je n'en sais trop rien. Je ne crie pas victoire, j'ai seulement trouvé le moment agréable.


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